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Journal de l'autre bord
13 janvier 2004

Emma, Anna et les autres

Mauvais réveil que ce mardi.

Un message au désespoir de Valérie, suicidante échouée sur un lit de médecine, l'âme en vrac, le coeur itou.

A qui d'autre que moi pouvait-elle faire non pas partager mais comprendre sa peine à survivre ? Parce qu'il est clair et public que je sais ce qui mène parfois certains d'entre nous, moi le premier, à préférer s'évader vers un ciel plus clément, histoire de respirer enfin dans la mort plutôt que de suffoquer à perdre haleine, et sans compensation aucune, dans la vie.

Alors à folie, folie et demie. Je ne l'ai pas blâmée. Peut-être même l'aurais-je dans une certaine mesure félicitée. Car il me paraît clair, du haut de mon observatoire, qu'une tentative ratée (pléonasme ostentatoire d'ailleurs) est un appel à peine déguisé, une fusée de détresse, perdue en océan bien peu pacifique où les remous y sont trop grands. Il est pour moi fort improbable de manquer de talent en  ratant son dernier tour de scène si, réellement, l'on désir s'affranchir de soi de manière absolue. Aussi, dans l'hypothèse où l'on survit, où l'on s'attache à agencer un plan et à s'assurer de la possibilité d'être repêché de ses sables mouvants, c'est qu'il demeure encore un sursaut de quelque chose, une question dont on n'a pas exactement fait le tour, un amour à convaincre, une existence à affirmer. Que sais-je ? Mais quelque chose, ça oui.

Donc, dans la mesure où elle y survit, ce sera bien là pour moi la meilleure chose qu'il lui soit arrivée. Car la voici enfin encadrée, prise en charge, dans une structure sécurisante où, je l'espère, elle trouvera un bout de paix. Il y a de ces histoires de fou qui ne se satisfont pas entièrement d'un rendez-vous, deux fois le mois, sur un divan. Le corps a ainsi ses mystères avec lesquels il nous faut, pauvres de nous, savoir composer voire se soumettre. Et la chimie déficiente, ce satané drame pour des millions d'individus, est un cancer assassin contre lequel il convient de se prémunir sinon de se guérir. D'autres héroïnes autrement fameuses nous ont précédés ; il y en aura encore demain.

En attendant, en cet aujourd'hui, les meilleures chances sont franchement de son côté.

Au moins une fois dans sa jeune vie.

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la réalité n'en est pas moins dédaigneuse.
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