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Journal de l'autre bord
11 mai 2004

Ellipse de soleil

Le bonheur irradie.

Voilà bien le genre de manifestation involontaire qui s'extirpe de soi, même sans autorisation aucune, toutes ces ondes chaleureuses qui s'imprègnent dans la voix, qui trouvent leur joie quoi que parfois l'on en veuille. Et c'est ainsi que la chose se plante viscéralement dans les oreilles des autres ou leur brûle les yeux d'un esprit ébaubi... Car j'ai dû habituer à autre chose, bien malgré moi, depuis ces temps de vaches sacrément maigres, ces ergs du palpitant, desséchés par des poursuites impossibles ou des ennuis de coeur.

Alors, c'est étrange, je discerne chez mes interlocuteurs téléphonés cette propension à m'imaginer illuminé de l'intérieur, à remarquer que je mène une vie caressante, bien loin de ces situations professionnelles improbables que je décris, bien au-delà de ce demi-mensonge par ma mission, celle qui m'oblige à différer l'expression de Son existence, pour m'en glorifier enfin, un jour venu, face à eux, fièrement.

Je diffère, je dis faire de mon mieux pour que nul ne trouve rien à redire à mes nouvelles amours, à l'instar de quelques privilégiés informés, déjà au courant électrique qui m'unit positivement à ce Chocolat, pris à ma terre. J'enrobe donc les autres de mes atermoiements, ces quelques rares mais essentiels autres, cette filiation qui attend de moi, ouvertement ou non, que je m'acoquine une fois de plus, dans cette coutume sociétale, cette évidence naturelle... Un emboîtage ad hoc, en fait.

Or là, bien que davantage vindicatif quant à ce que je brigue, tout azimut, le meilleur comme le médiocre, j'ai la politesse ultime de vouloir y mettre quelques formes, dans l'énoncé du problème qu'ils s'imposeront vraisemblablement. Nulle urgence encore pour évoquer mes nuits câlines, cette déclinaison certaine que chacun s'imagine lorsqu'il croise ces amours si particulières, oubliant chaque instant qu'il s'agit parfois d'aimer avant d'oeuvrer dans la chair. Le détail d'une vie ; en tous cas la mienne.

L'art du non-dit, lorsque celui-ci finit par hurler ses sous-titres appuyés, est un exercice des plus délicats, je crois. Qui trompe-je, si tant est qu'il s'agisse de convenablement biaiser l'autre ? C'est néanmoins pour la bonne cause, c'est avéré, pour que notre couple soit, à l'aube d'un beau jour, considéré autrement que comme un temple gomorrhéen, comme une simple liaison de testostérone trop bien embouchée à la façon de ces images d'Epinal de papier si peu glacé.

Et de cultiver ce mutisme d'apparat, ce silence équivoque dont je m'entoure, pour préparer autrui à l'idée que je sois, enfin, heureux, enfin réchauffé - le coeur vaillant - par un astre inconnu, dont le visage et même le sexe, à l'instar des anges, s'ignorerait encore... La question se posera, c'est certain. Mais par qui ?

En attendant, l'heure n'est pas encore venue. Elle viendra germer aussi précisément que l'idée de ces bagages qu'il me faudra à nouveau plier, à terme, ce court terme très moyen...

D'ici là, jamais las, je reprendrai la mer, je filerai la route, avec l'idée sûre de me diriger vers mon soleil.

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