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Journal de l'autre bord
2 avril 2004

Faire une croix blanche sur ma vie

Combien de temps, combien d'attentes, de machines arrières, pour finalement s'assurer d'un logement charmant en cette belle contrée ? Depuis ces quelques derniers mois, j'ai cultivé l'assurance tout risque de me sédentariser ici, de laisser ma vie se cristalliser mollement dans la Corse de cet extrême-sud, pour laquelle j'avais jadis tellement rêvé et finalement tant enduré l'effondrement de ma liberté toute nouvelle...

J'ai tout ramené, tout mon petit univers a traversé la mer, les cartons ont transité de cette frontière allemande vers cette rive sauvage et fière, chaque chose a enfin trouvé sa place sous les boiseries de mes plafonds, la cheminée tire désormais presque sans assistance l'oxygène vers le haut, et moi je savoure le confort de mon existence de célibataire qui s'endurcit.

C'était donc ainsi... jusqu'à ce Lui.

J'ai mis la main dans la boîte de Chocolat, cet autre Pandore, j'ai goûté le fruit de sa bouche, j'ai sondé son coeur, jaugé ses angoisses, ses questions existentielles, ses possibles révisions à la baisse de la somme de ses ambitions, j'ai tenté cela si bien que ce mâle m'a arraché un accord de principe, acquiescement seulement induit par l'amour flou. Et le pire, voire le meilleur, c'est qu'il n'aura même pas eu la nécessité de me prier, moi pauvre vestale, ou de simplement évoquer un scénario divers pour l'actant que je pourrais être sous sa mise en scène. Car quand je l'écoute, j'entends clair, à maux couverts, et je me sens subitement prêt à tout remettre en question à terme pour apporter la réponse à notre ambition.

Il est de ces jeunes hommes promis à des postes florissants, il est de ceux qui sortent d'écoles prestigieuses, et je suis celui qui, quoi que supposé un jour lointain prometteur, s'est toujours satisfait d'une petite activité de fonctionnariat, le genre de poste tout bête où le traitement modeste n'a d'égal que la facilité de la tâche à abattre.

Car, c'est un fait, sous ce rapport purement professionnel, m'enterrer définitivement à Bonifacio ne serait pas une fin en soi où je demanderais à Ludovic de sacrifier ce pour quoi il a oeuvré de son côté. Je n'ai pas l'égoïsme assez puissant pour perdre de vue ce que la personne avec laquelle je désire partager ma vie devrait éventuellement abandonner pour ne pas trop bousculer ma vie courante. Le compromis, ce mot euphoniquement douteux, tellement revendiqué et si souvent édulcoré, doit demeurer pour nous une priorité adroite à ne jamais griller.

Je ne vais pas trop vite, je roule en douce mais j'anticipe malgré tout. Cela me rassure de comprendre que je peux faire des coupes sombres dans mon quotidien pour briguer la lumière de son amour, cela l'apaise un peu plus quand il me sait aussi souple que lui, lorsqu'il veut bien être un émigrant helvète et spontanément me rejoindre sur mon île...

Peu de chances toutefois pour que je déroule à nouveau et dans l'immédiat des dizaines de mètres de ruban adhésif. Mais j'aime à cultiver pour lui cette idée qu'il deviendra, peut-être, nécessaire d'accepter de rebondir, une fois de plus, dans un ailleurs plus ou moins lointain, dans un temps éventuellement proche, dans ce seul but étourdissant de m'installer une autre vie sous le seau d'un amour suisse.

Comme un tatouage sur ma peau rougie par l'émotion, petite marque blanche indélébile qui marquera mon appartenance à la douceur de ses mains...

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Commentaires
C
d'autant plus touchée par cette petite croix que je partage puisqu'elle est inscrite sur mes petits papiers...<br /> <br /> On a la réputation, dans mon pays, d'avoir un excellent Chocolat... heureuse de constater que tu y acquiesces sans problème... A consommer sans modération, s'en délecter sans jamais s'en lasser... :o)<br /> <br /> Très belle nuit, Deluxe ;o)<br /> <br />
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