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Journal de l'autre bord
27 janvier 2004

Faire son "Re:" ou l'autre impolitesse

Bien entendu, il y a plus grave.

"Ce n'est pas forcément la misère... C'est pas Valmy, c'est pas Verdun..." et cependant Dieu que cela m'agace !

Voici donc plusieurs années que j'utilise la toile, que j'y tisse ou entretiens des relations par le biais de cette foultitude de messages plus ou moins longs, parfois futiles, parfois si denses, mais toujours est-il empreints de la plus profonde sincérité.

Alors je fouille. Je vais dans le fond de ma petite tête, quelquefois même dans celui de mon coeur de grand con, et j'en ramène quelques mots, comme des fleurs, des bouquets de consonnes, des fragrances de voyelles, un tohu-bohu de phrases éparses que je m'efforce d'arranger, avec un peu de goût ou si peu (le mien, en l'occurrence), histoire de rendre la lecture moins anodine, moins impersonnelle que ces centaines de messages qui transitent par l'ADSL de nos filtres (pour les plus riches !).

Jusqu'ici, rien d'extraordinaire. Chacun fait de son mieux, en fonction de ses ardeurs, de sa dextérité à manier le verbe aussi et, il faut bien l'avouer, de la somme de courage qu'il cumule au compteur de ses priorités. Là où je marque un point, dans ce match qui n'intéressera vraisemblablement que votre serviteur, c'est que je me triture neuf fois sur dix le cervelet pour trouver un... objet !

Ca n'a l'air de rien un bête "objet" dans ces cinq lettres qui l'habillent...  Un objet... Terme forcément administratif, rébarbatif, consensuel et réducteur. Et cependant, quelqu'un a-t-il l'idée de ce que cela me coûte de trésors d'informelle ingéniosité (Einstein pourrait déclarer forfait !) pour sempiternellement coiffer ma prose de quelques termes plus ou moins bien sentis !?! Car je peine, je rame parfois, alors que ma correspondance serait prête-à-voguer, pour conclure, avec humour, tendresse ou spiritualité chacune de mes contributions écrites...

D'accord, c'est entendu : j'aime la langue... Exceptée celle de boeuf. Mais sur notre plancher des vaches, soit très terre-à-terre, je ne peux sciemment oublier que ce n'est peut-être pas l'exacte marotte de ceux qui me font l'amitié, parfois l'amour (j'y viendrai...) de me répondre. Et ce sens de la correspondance, de mon écrit vers le leur, a son importance...

Car voilà très précisément ce qui m'agace en la matière : le clic gauche de la souris, systématique habitude de rédacteur en manque de courage et d'inspiration, sur ce satané bouton répondre du logiciel de messagerie ! Cela fait des "Re:" qui m'insupportent au plus haut point et que je trouve limite grossiers. Un peu à la façon des copier-coller ostensibles d'une missive sur l'autre pour ceux qui pratiquent (honte à vous ! vous ne l'emporterez pas au ciel !).

L'effort d'une épigraphe sur ces édifices virtuels, un mot, un seul, ou davantage, une simple bise, une petite amitié, tout me serait préférable à cette resucée sans queue ni tête qui n'a pas même l'élégance obscène du plagiat !

Allez, j'en rajoute un peu. Et je les pardonne tous dans ma clémence de demi-dieu tyrannique (oui... même toi, mon copain Johnny que j'aime comme ça !) puisque, en fait, c'est un (long) moyen à peine détourné d'expliciter ce qui m'a surpris chez Jean-Paul.

Ce garçon-là a, en effet, cette identique propension à la mienne quand chacune de ses interventions est mise en valeur par ces quelques mots en plus... Cela n'a rien de commun, la preuve par neuf, et cela me charme, forcément. Voici quelqu'un qui attache de l'importance à ce petit geste en plus, quelqu'un qui m'écrit des choses que j'ai toujours souhaité lire, quelqu'un qui manie les mots avec tendresse, quelqu'un qui...

Du calme, du calme ! Cet homme-là est donc fort bien élevé, et talentueux ; CQFD... Rien de plus...

Oui... Euh... Peut-être... (hic !) ?

Comment dès lors ne pas se laisser surprendre par cela ? Et pourquoi d'ailleurs ne pas se laisser surprendre tout court, après tout ? Car ce sera la toute première fois que, dans ma jeune existence (enfin... jeune... si peu...) l'autre, face à moi, et accessoirement peut-être face à mon coeur, tienne haut la main la distance sous ce rapport.

Et cela tombe bien : la route pourrait éventuellement lui être longue...

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