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Journal de l'autre bord
5 janvier 2004

Du chabadabada et autre possibilité

Passer une soirée en tête-à-tête avec Laurie c'est forcément se rappeler qu'il aurait pu en être autrement un temps... Sinon aujourd'hui encore.

J'aime à me souvenir qu'elle fut mon tout premier contact en terre corse, celui que j'avais volontairement sollicité lors d'un passage curieux à la Cinémathèque. Un simple regard pour évoquer en moi, sans grande surprise, ce qu'une jeune femme pouvait avoir de charmant. Un peu comme un trophée, histoire d'assurer que je n'allais pas réitérer mon comportement sauvageon lorrain, je parlais à mon entourage de cette rencontre que je savais (espérais ?) devenir quelque chose...

Le temps a passé ; le lien s'est tissé, pronostic heureux, nous avons effectivement noué des rapports étroits. Mais nous avons tout autant failli devenir amants de raison. Parce qu'il est toujours étonnant de rencontrer quelqu'un qui parle d'amour selon des codes familiers, dans lesquels l'un l'autre se retrouvent, sans pudeur, avec discrétion, mais toujours avec coeur et talent. Alors oui, une certaine idée du romantisme chez elle comme chez moi, une parité qui nous ressemble. Un joli brin de fille, un gars à son goût, on aurait pu essayer.

Or j'ai décliné.

Une couardise, peut-être. Un doute sur mon orientation certainement. Et une façon aussi de ne pas avoir à redouter ce que l'amour avec une femme me demanderait à nouveau comme génie d'invention de caresses et d'ardeurs, dès fois que j'aurais tout égaré sur le chemin de mon divorce et de l'abstinence.

C'est un peu idiot un garçon parfois. Et comme il m'arrive aussi ponctuellement de me sexuer, de faire honneur à mon genre, alors, du même coup, j'accepte ce procès de ma bêtise. Pourquoi être autre chose qu'un amant ordinaire ? Comme s'il fallait gagner sa place par le seul langage de son corps...

Ce retour aux sources m'effraie et, je crois, que plus le temps passe plus je perds de mon hétérosexualité par le seul prétexte que mon noviciat inverti m'autorise encore pour sa part de l'à peu près, sans trop de gloire, sans royaume à conquérir ; juste rester un sujet, docile.

Alors oui, j'aurais peut-être désormais tendance à faire l'amour comme la guerre, celle que je me serais personnellement déclarée pour une raison sublimée d'exigence féminine, volonté de femme qui, ô désespoir, pourra me comparer aux vainqueurs des combats d'avant. L'idée me trouble, la peur me prend et me renvoie dans mes retranchements les plus certains.

Il y avait un peu de cela avec Laurie. Il y a aussi le fait que je tâte volontairement un terrain d'une autre rive, histoire de voir, de croire, ce que je veux réellement au fond de moi, de quel sexe me sens-je le plus proche.

Mais en réalité, il me parait clair que tout ne devrait être qu'histoire d'amour. Je garde ainsi la certitude qu'en étant positivement amoureux de ma partenaire, je devrais pouvoir oublier ce que le moment attend de moi, ce que ma stature d'homme exige. L'instant seul devrait pouvoir suffire à me donner des ailes et du désir.

Voler à nouveau ; un homme, une femme. Pourquoi pas moi une fois encore ?

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