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Journal de l'autre bord
4 janvier 2004

Amer à mère

Il y a des jours comme ça où des bizarreries me traversent l'esprit, sans signes avant-coureurs, sans raison apparente que le caprice de mes élucubrations. Elles se posent, elles se fixent et se font entendre alors que je ne leur demandais rien de précis, bien au contraire.

Ainsi, je m'interrogeais subitement quant à savoir si, oui ou non, une bonne fois pour toutes, je pouvais revendiquer un conflit avec ma mère, un petit quelque chose, ou un grand d'ailleurs, qui nous sépare, nous oppose et nous agace fondamentalement.

C'est moche, en fait. Mais la réponse est oui. Pire, elle est toujours plus affirmative lorsque le temps se presse de m'en éloigner. Comment donc en être arrivé là, en si peu de temps ?

Il y a toute une foule de raisons, en fait.

M'avoir rendu mon adolescence, activement ou non, peu importe en fait les motivations, comme l'expression d'un enfer, un espace-temps où je ne vivais que dans l'ignoble angoisse de rentrer à la maison, de me retrouver avec des tuiles, des fuites au toit pour lesquelles je ne pouvais souvent rien, c'est déjà suffisant chez beaucoup de rejetons pour faire un procès définitif.

Avoir été aussi maternelle qu'un cadran solaire, me faire sentir combien j'étais en trop, de trop, l'image involontaire de mon père, jamais un je t'aime ni une démonstration muette s'en rapprochant, m'avoir fait toujours sentir ma différence, mon image asexuée qui dérangeait son petit confort pseudo-bourgeois, son regard à travers celui des autres, voilà encore, jetées en vrac, quelques raisons de plus pour se prémunir de réagir à l'emporte-pièce.

Mais le pire, oui, le pire, c'est ce manque total de remise en question, cette lacune insondable à l'honnêteté, sur la vie, les choses, sur elle-même voire sur moi. Son écoeurant optimisme monté de toutes pièces mal beurrées, qui ne demandent d'ailleurs qu'à se casser la gueule dès que la température s'élève, cette façon lamentable de me prendre pour un con en niant certaines réalités parfaitement publiques (son appel téléphonique "impromptu",  après des mois de je m'en foutisme, l'avant-veille de mon grand saut, est un must d'artifice, un guiness de la honte), tout ça c'est trop.

Non que je ne puisse le supporter, l'on peut encore s'habituer à tout, fut-ce à  l'indigence, mais c'est au-delà de ce qui me parait utile d'endurer, en l'état, dans cette mauvaise donne. Tant qu'elle ne décidera pas enfin de jouer franc-jeu, avec tout un chacun tout autant que moi d'ailleurs, rien y fera ; les choses seront vaines.

Elle approche la cinquantaine, c'est tellement peu, et un peu beaucoup. Elle est toujours jolie... Mais elle est vide, ou plus précisément se rend volontairement vide aux yeux des gens qu'elle s'efforce de duper pour mieux s'illusionner elle-même de la vacuité de son absence de parcours. Le constat est triste en fait, pour tout un chacun.

Or rien ne me manque à proprement parler. Pas de haine pas de rancune, une profonde indifférence.Serais-je un fils indigne ou un miraculé du règlement de comptes habituel enfant-parents ?

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